samedi 4 décembre 2010

Haras de Dahra : l’urgence de la réhabilitation

Dahra, un nom qui résonne fort dans le milieu de l’hippisme sénégalais. Pour cause, cette ville abrite le Centre de recherche zootechnique (Crz) où se trouve le haras national qui sert de vivier aux courses hippiques. Aujourd’hui, la structure n’est plus que l’ombre d’elle même.
La ville est connue par son marché hebdomadaire ou “ louma ” qui polarise tous les dimanches, les activités économiques du Ferlo. Perdu dans le Djolof des profondeurs, une zone par excellence de l’élevage, Dahra est aussi célèbre par son Centre de recherche zootechnique (Crz) qui a fait les beaux jours de l’élevage sénégalais. Crée avant l’indépendance, ce centre fait partie de ce qui se faisait de mieux dans ce domaine. Attrapé par le poids de l’age, ce joyau a besoin de restauration et de réhabilitation. Certains bâtiments sont délabrés, d’autres complètement tombés en ruine. Les activités ont ainsi perdu un peu de leur vitalité.
Habillé en style maure : grand boubou bleu sur une chemise de la même couleur, pantalon “ thiaya ”, sandales noires en cuir, Dahy Ka travaille à la mairie de Dahra. La vie de ce peul du Djolof et grand turfiste dans l’âme se confond avec le Crz. “ Je suis né en 1958 à l’intérieur même du Crz ” dit-il fièrement. En regardant cette structure qu’il aime tant perdre sa vitalité, il a le cœur fendu. Grâce à de ses activités, le centre contribuait à la vie économique de la ville. Et les populations en bénéficiaient. M. Ka nous raconte sous un air nostalgique, la splendeur qu’a connue le Crz. “ J’ai une fois vendu un cheval qui n’avait que 4 mois dans le ventre de sa mère pour 200 000 francs à un propriétaire de chevaux saint-louisien du nom de Bancal ”. Cette image d’un Dahra rayonnant par ses produits équins de qualité est à conjuguer au passé, au grand mal de Dahy Ka et des habitants de Dahra.
El Hadji Diop est un amoureux des courses hippiques comme M. Ka et travaille à la mairie aussi. Mais lui il est plus zélé que son collègue quand il parle du haras et des chevaux. M. Diop, qui est par ailleurs le chargé des infrastructures au niveau du comité régional de gestion des courses hippiques de Louga, connaît comme ses poches l’histoire du haras. “ Au début, on avait apporté au haras des étalons pur-sang anglais et anglo-arabes avec des juments qui ont eu des enfants qui sont les géniteurs de nombreux “ gagnants ” dans les courses hippiques. Dans les courses hippiques, si vous prenez 15 chevaux, la majorité vient de Daara. Aujourd’hui notre principal souhait est de voir le centre jouer son rôle d’antan. C’est seulement au Djolof qu’on voit des troupeaux de chevaux en errance dans la savane. Tout cela par manque d’étalons. Les djolofs-djolofs sont des férus de courses hippiques. C’est pourquoi il faut redynamiser le haras. ”
Leur préoccupation pourrait trouver réponse au niveau du plan de réhabilitation de ce centre entamé par le ministre de l’élevage. Selon Mme Seck, le noyau des étalons sera renouvelé avec l’achat de pur-sang anglais qui seront ventilés à Dahra et aussi à travers les autres haras nationaux qui seront implantés à Thiès et à Kaolack. Le laboratoire et la salle d’insémination recevront une touche de modernisation. Ainsi M. Ka et Diop et tous les turfistes djolofs-djolofs verront le haras de Dahra reprendre sa place au niveau de l’hippisme.
Ces éleveurs « du dimanche »
A côté de ceux qu’on appelle les agriculteurs du dimanche, le domaine de l’élevage intensif commence à attirer des privés qui sont quelquefois guidés par la passion des animaux. Mais des difficultés subsistent et ils en appellent à l’aide de l’Etat.
Ferme Albarka et Mbaye Leye de Louga, ferme caprine de Gandiaye etc....c’est autant d’exploitations privées que le ministre de l’Elevage, Oumou Khaïry Guèye Seck, a visitées lors de sa tournée. Ils sont nombreux maintenant à se lancer dans cette activité dont le rendement est de long terme, selon les promoteurs. Mais leur passion pour les animaux est là pour les aider à surmonter les obstacles qui se dressent sur leur chemin.
“ Je me suis lancé dans l’élevage intensif en 1997 et sur financement propre. C’est mon père qui m’a inculqué cet amour pour l’élevage ” nous dit Mbaye Leye qui a reçu le ministre de l’Elevage dans sa ferme située dans un quartier populaire de Louga. Agé de 35 ans, M. Leye élève des moutons, des chèvres et des bovins. Ces derniers ont constitué la grande attraction durant le passage du ministre dans sa ferme. Obtenu par le croisement de “ Guzzerat ” et de “ Montbéliard ”-des races importées- et aussi de race locale, ses bovins atteignent de grands poids. Il y a même un qui a eu un poids de 620 kilos. Ses vaches, elles ont des productions laitières de 10 à 15 litres par jour.
Mais à coté, il est confronté à quelques problèmes. “ J’ai un problème d’espace et d’eau. L’espace que j’occupe actuellement est trop restreint et si je pouvais avoir un grand terrain hors de la ville, ça fera mon affaire. L’eau aussi demeure un grand problème car nous sommes branchés sur le réseau de la Sde et les factures sont très salées. En plus, nous sommes confrontés à un vrai problème de financement car les banques appliquent des taux très élevés que nous ne pouvons pas supporter ”. M. Leye veut aussi ressembler à ces grands fermiers américains qui aujourd’hui fournissent une grande partie de la production mondiale de viande. C’est ainsi qu’il va incessamment se lancer dans l’insémination artificielle et l’embouche bovine. De ce fait, il a un fond de départ qui provient des revenus tirés de la vente de lait que produisent ces vaches. Il en appelle ainsi à l’appui technique et financier du ministère de l’élevage, qui d’ailleurs l’assiste, car il compte faire de sa ferme une structure très moderne et qui répond à la forte demande en viande et en lait de la région.
Article du Soleil du 03 décembre 2010 http://lesoleil.sn/article.php3?id_article=961 

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